Rattle And Hum
Est-ce un album ? Une simple bande sonore d’un film ? Un live agrémenté de quelques inédits faits sur le pouce ? Le facile prolongement éditique de leur dernière tournée ? Ou encore un hommage tardif à la musique américaine ?
Se poser encore toutes ces questions, c’est démontrer l’évidence de la difficulté à y répondre, où personne y compris les 1ers intéressés n’ont pu définir véritablement quel était donc ce double objet hybride mi-live, mi-studio ne correspondant à rien jusque-là et qui a déboulée un beau matin d’octobre 1988, avec force campagne marketing digne d’un blockbuster.
De ce malentendu originel, avec quatre gugusses des plus mal à l’aise pour le mettre en perspective est né ce sentiment d’objet mal aimé, le 1er accident industriel dans la carrière du groupe avec sa composante film retiré des salles aux USA après seulement 10 jours d’exploitation. Pour autant l’album du même nom, enregistre lui bien d’autres « scories » avec pas moins de 15 millions de galettes vendues à travers le monde, un soi-disant échec commercial dont se seraient contentés bien du monde… Succès plus que d’estime mérité, car passé les quelques hommages parfois naïfs ou maladroits aux racines diverses musicales américaine, blues de (forte) préférence, U2 ne s’est pas si mal sorti de cet exercice de style si peu espacé de leur dernier et victorieux exercice discographique qu’était The Joshua Tree.
Prise de risque inconsidéré, exercice gonflé de donner si rapidement un successeur à leur dernier album plébiscité ? Sans doute. Plaisir surtout même avec ce sillon américain à nouveau accentué, de tirer profit des inspirations du moment et de saisir en instantané les dernières compos issues de leur dernière tournée prolifique The Joshua Tree Tour. De belles nouvelles compositions proposées de manière plus épurée et sans réelle fioriture. Avec certains de leurs meilleurs morceaux jamais proposés à ce jour. Témoin le jouissif Desire, l’instantané Lennon God Part II ou encore les superbes All I want is you et Hawkmoon 269. Justice qui plus est souvent rendu en live depuis, avec bon nombre de ces morceaux inédits présent sur Rattle and Hum qui font encore le bonheur des sets list toutes périodes confondues voir les Desire, et autre Angel of Harlem. La célébration et la force live du groupe n’est évidemment pas oublié pour mettre sur sillon à cette occasion les jeunes mais pour autant déjà premiers classiques du groupe, au hasard Pride, la version Gospel de I Still Haven’t Found What I’m Looking For ou les tonitruants Bullet the Blue Sky et Silver & Gold. A noter, le souci d’intégrité du groupe, qui plutôt que de proposer leurs hits version live préfère n’en proposer sur disque que certains d’entre eux, au profit d’une meilleure cohérence d’ensemble.
Ce double album se présente donc plus exactement comme une réelle histoire avec un début et une fin à l’image de ce final All I want is you si ressemblant à A Day in The Life des Beatles. Quel dommage au final que tout ceci n’est pas été pas compris ou légendé ainsi, avec cette cohérence noyée paradoxalement sous un océan médiatique d’hétérogénéité, préjudiciable presque définitivement dans l’esprit du groupe et dans l’image que nous avons sur la postérité de ce double album.
A propos de cet album
Sixième album studio de U2.
Sorti le 10 octobre 1988.
Enregistré en 1987 et 1988 à Memphis (Sun Studios), Dublin (STS Studios) et Los Angeles (A&M Studios).
Produit par Jimmy Lovine.
Singles :
- Desire
- Angel Of Harlem
- Where Love Comes To Town
- All I Want Is You
Tournée :
Lovetown Tour 1989/1990 (47 concerts).
Ouverture le 21 septembre 1989 à Perth (Australie). Clôture le 10 janvier 1990 à Rotterdam (Pays-Bas).
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