No Line On The Horizon
C’est au Maroc que U2 a jeté les premières bases de son futur album. A Fès, ville réputée pour son festival de musiques orientales. Le groupe, accompagné de Brian Eno et Daniel Lanois, s’est installé durant plusieurs semaines dans un riad de la ville avec l’espoir de se laisser absorber par la culture locale et d’y trouver de nouvelles inspirations. Des musiciens locaux ont même été conviés à plusieurs sessions d’enregistrement. Espérons pour eux qu’ils avaient pensé à apporter leur dictaphone, car depuis tout – ou presque – a disparu.
Ainsi va U2 : des envies, presque un moment de folie, avant le dur retour à la réalité. No Line on the Horizon est né d’une idée forte, qui n’aura pas été poussée à son terme. Les rythmes marocains et l’esprit qui entourait les séances ont été balayés. Une vidéo prouve que Magnificent a eu bien une intro aux couleurs locales, mais elle n’aura pas survécu aux multiples couches de production une fois revenu à Dublin.
Onze titres au compteur, comme ses deux prédécesseurs, mais infiniment plus de travail sur les sonorités, sur les textes et les mélodies. Eno et Lanois, pour la première fois crédités comme co-auteurs – une de leurs très ancienne revendication, ont certainement permis aux quatre autres de se libérer et d’oser explorer des champs musicaux désertés depuis la fin des années 90. No Line n’est pas un nouveau Pop, mais il est de la même veine que ces trois albums qui ont changé le visage du groupe. Presque 30 ans après son premier disque, U2 peut s’enorgueillir d’être encore capable de sortir un album aussi ambitieux. Qu’il soit un échec commercial, qu’il ne contienne aucun single évident, qu’il déplaise aux américains et qu’il manque d’une pointe d’audace n’y changera rien. Cette soif réaffirmée d’être les meilleurs et de rester dans l’air du temps permet à U2 de faire ce qu’aucun autre artiste de cette longévité ne parvient : produire des albums de très grande qualité, dont ils assurent ensuite fièrement la promotion. Du moins les premiers mois.
Au rayon des faiblesses, quelques morceaux que U2 n’a pas pu s’empêcher de faire, comme pour prouver que malgré des explorations, le son classique existait encore. I’ll Go Crazy if I Don’t Go Crazy Tonight, Stand up Comedy ou White as Snow sont parmi les morceaux qui handicapent la cohérence de l’ensemble. Les deux derniers ne verront d’ailleurs jamais le jour en concert. Crazy Tonight va en revanche se faire une place au soleil inespérée. Lors des premières répétitions du 360° Tour, U2 avait pour idée de mettre l’incroyable remix de Even Better Than The Real Thing au milieu du concert. Une idée qui sera finalement remplacée dans les tous derniers jours par un autre remix, celui de Crazy Tonight. Coincé entre Vertigo et Sunday Bloody Sunday, ce morceau de dance vitaminée a enflammé les foules du monde entier tout au long de la tournée. Larry Mullen Jr profitant même de cette occasion pour faire le tour de la rampe, djembé sous le bras. Pour une fois, seul Bono restait planté au centre de la scène regardant ses trois camarades faire le show.
En concert, No Line On The Horizon a bénéficié d’une promotion à-la-Achtung Baby. Quatre morceaux de rang pour ouvrir la soirée, un tour de force. Les concerts ont compté jusqu’à 7 morceaux de l’album, avant que les choses ne se délitent aux fils des dates. Deux ans après Barcelone, à Moncton, ils n’étaient plus que deux au sein de la setlist. Ils risquent de ne pas être bien davantage lors de la prochaine tournée. Avec U2, rien ne résiste à une moue dubitative d’Américain renfrogné.
A propos de cet album
Douzième album studio de U2.
Sorti le 27 février 2009.
Enregistré en 2008 et 2009 à Fez, Dublin (Hanover Quay studios) et New York.
Produit par Brian Eno et Daniel Lanois.
Singles :
- Get On Your Boots
- Magnificent
- I'll Go Crazy If I Don't Go Crazy Tonight
Tournée :
360° Tour 2009/2011 (111 concerts).
Ouverture le 30 juin 2009 à Barcelone (Espagne). Clôture le 30 juillet 2011 à Moncton (Canada).
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