A l’heure du tout dématérialisé, quelle importance faut-il encore accorder à l’emballage d’un album ? Particulièrement lorsque celui-ci a été propulsé dans la bibliothèque iTunes d’un demi-milliard de personne ? U2 a répondu à cette question d’une drôle de façon.
D’abord en proposant un visuel virtuel franchement emballant. Pas de photo, le nom du groupe, Songs of Innocence écrit «à la main», le tout sur le fond blanc d’une pochette vinyle vintage. Un véritable choix artistique, qui après écoute avait du sens.
Le groupe aurait pu en rester là et livrer l’édition physique avec la même cover. Ils ont eu une autre idée. Et pour une fois lorsqu’il s’agit de la couverture d’un de leur album, U2 a fait un choix particulièrement surprenant. Une chose suffisamment rare pour être ici soulignée. Et surprise, ce n’est pas Bono qui s’installe en «une» de ce nouvel album, mais Larry Mullen Jr., qui comme lors du clip d’Electrical Storm vole la vedette à son leader de chanteur.
«Moi qui ai toujours voulu rester modeste»
Le batteur prend, seul, les commandes de l’album le plus personnel du groupe qu’il a formé. Un juste retour des choses en quelque sorte. Lui le pudique, le renfrogné, le blondinet sans âge, le plus «rock» des quatre Irlandais, prend la pose, torse nu et tatouage apparent. Pour qui se souvient de cette petite phrase lâchée par le propriétaire : «If you’re close enough to see the tatoo, it means you’re too close», c’est dire si le symbole a son importance. Larry porte une fois de plus son groupe et accepte pour cela de se livrer davantage. Et cela va plus loin qu’un dessin sur la peau.
Dans ses bras, le corps d’un adolescent, lui aussi dénudé. Celui de son fils Aaron. Un coup d’œil au livret du disque, où les noms des membres de sa famille n’apparaissent qu’à travers leur première lettre, suffit à faire comprendre comme l’homme protège les siens. Et voilà qu’il décide d’afficher (presque) ouvertement son aîné aux yeux de millions de personnes. Ce qui ne manquait pas d’amuser le batteur, récemment dans les colonnes du Parisien : «Moi qui ai toujours voulu rester en retrait et modeste… Sa mère n’aime pas trop d’ailleurs. Mais ce fut un moment fort pour nous deux et l’image est belle, s’accrocher à son enfance, à son innocence. Mais qui s’accroche à qui, le fils ou le père, je ne sais pas». Effectivement. Et tous les symboles sont réunis : la filiation, le lien adolescence/âge adulte, l’innocence et la volonté de s’accrocher à cette jeunesse éternelle. U2 ose s’aventurer sur un chemin qui lui est peu familier, et le résultat est une franche réussite. Le groupe parvient à allier le sens artistique à un visuel fort, ce qui n’a pas toujours été le cas ces dernières années. Petit retour en arrière.
De la sobriété au flou, histoire de covers
En 2009, la pochette de No Line On The Horizon est un sans aucun doute très belle. Mais sans doute pose-t-elle un problème d’identification. Associer une œuvre à l’existence propre à une autre création, sans lien quelconque, est un risque qui ne s’est pas avéré payant. A posteriori, il est aisé d’y voir le flou dans lequel s’est trouvé le groupe lors de la production de son album. Partagé entre leur volonté d’intégrer des influences nouvelles et leur incapacité à se détacher de leur image. Une image qu’ils avaient essayée de mieux maîtriser quatre ans auparavant, mais sans guère plus de succès.
How To Dismantle An Atomic Bomb était un disque de rock. Ou en tout cas devait-il être vendu comme cela au marché américain. Il fallait donc une pochette raccord. Elle fut finalement catastrophique. Vautrés pitoyablement sous un vague abribus, les membres du groupe s’affichaient dans posture qui se voulait être celle de rockeurs prêts à en découdre. A leur âge et vu leur statut, c’état ridicule. Heureusement Vertigo et le mirage All Because Of You allaient permettre le casse du siècle. Ouf !
En 2001, All That You Can’t Leave Behind devait lui marquer un retour à la sobriété. Parqués dans le terminal E, flambant neuf, de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, U2 était shooté tout de noir vêtu, prêt à s’envoler pour de nouvelles aventures. Charge à Beautiful Day, au refrain percutant et aux riff flirtant bon avec leur jeunesse passée, de soutenir le message que la technologie était belle et bien derrière des musiciens revenus aux bases de leur métier. A défaut d’être particulièrement belle, cette cover avait le mérite de ne pas mentir sur le contenu et d’accompagner le travail fait par le groupe.
Avant ? Avant, c’était un autre siècle, c’était de la couleur, c’était davantage de fantaisie, mais ça c’était avant.
Du deluxe version low-cost
Quel est l’intérêt de faire une édition spéciale pour un album alors qu’on a pu l’obtenir gratuitement et en toute légalité ? L’avoir sur un support physique, pour les vieux de la vieille et pour les fans. Le fan justement, c’est surtout lui le public qui est visé par cette sortie. Pour l’inciter à acheter son album, U2 lui ajoute un CD bonus composé de deux titres inédits, d’une partie acoustique de 6 titres mis sur une seule piste (???) et de deux versions alternatives. Le fan ne s’apprivoise pas facilement, il faut lui tendre quelques sucres pour qu’il cède à la tentation de l’achat. Devant le contenu du CD bonus il se dit que le jeu peut en valoir la chandelle. Il achète donc l’édition deluxe. Et puis il se rend compte que cet emballage n’est qu’une vaste blague.
Cette atroce surprise en prenant le papier sur lequel se trouve les paroles, on ne l’oubliera pas de sitôt. Bon sang, un booklet digne de ce nom ou à la limite un coup d’agrafes étaient-ils à ce point dispendieux ? Car la chose livrée ressemble davantage à un rouleau de papier toilette difforme qu’à un livret. Le tout, bien évidemment, sans aucune photo, faisant presque à regretter les croûtes de How To Dismantle An Atomic Bomb. Après avoir eu un beau PDF avec l’album iTunes, le fan était en droit de s’attendre à mieux pour la sortie physique de l’album. D’autant qu’habituellement, U2 ne se prive pas de faire grimper les tarifs en proposant du panier bien garni. Nous sommes loin du compte !
Un format pauvre pour un album riche
Le plus surprenant et décevant dans tout cela, c’est le manque d’âme du projet. Le groupe livre avec Songs Of Innocence un de ses albums des plus personnels où il évoque sa jeunesse, ses inspirations et même directement la mère de son chanteur. Un disque donc qui est empreint d’une atmosphère forte reflétant l’essence même du groupe, mais dont le format physique est totalement dépourvu. Pourtant ce n’est pas les photos l’époque qui manquent, comme en témoignent les livres U2 by U2 et North Side Les photos rares de l’exposition «U2 early days, 1978-1981» auraient aussi pu agrémenter quelques évocations de cette époque en plus d’un shopping récent, mais il n’en est rien.
Pourquoi ? Pour laisser parler la musique se défendrait certainement U2, jamais avare d’une esquive quand il s’agit d’avoir à se justifier. Ou peut-être parce qu’il s’en tape totalement. Après tout, à quoi bon soigner une édition physique que les fans achèteront de toutes façons.
Discussions
20 commentaires ont été publiés pour cet article.
Ils vont passer la semaine a l’émission « The tonight show » et il devrait jouer un morceau par soir. Moi j’éspére qu’ils seront plus en mode electrique que acoustique. La chaine MCM montre l’émission tout les soirs avec 24h de retard. Donc pour celui qui a la chaine U2 apparaitra du mardi 18 au lundi 24 novembre vers 22h 30.
Prochain single : every breaking wave!
Un choix prévisible, mais tout le problème est de savoir dans quelle version!
Je n’ai pas l’impression qu’ils veulent vendre la version album, ils vont probablement sortir une version acoustique, soit celle des bonus de l’album, soit une perf live studio récente. D’ailleurs la version enregistrée pour la TV australienne (« 66 minutes ») aurait été envoyée à certains médias en tant que clip promo.
A choisir je suis plus sensible à la version acoustique.
J’ai bien aimé leur interprétation au MTV EMA aussi!
La version acoustique est intéressante et certaines fois elle a été magistralement réussie. Mais je suis un peu sur ma faim, la version album est une vraie belle chanson pop, vraiment bien troussée, et j’aimerais qu’ils la jouent. Comme en plus on l’aura aussi en concert en version acoustique, ce sera mon grand regret, a n’en pas douter.
Le site internet de Francis Zegut annonce plusieurs concerts de U2 à Bercy en novembre 2015
C’est possible.. car il parait qu’á cette période ce sera l’extérieur de bercy en travaux et non l’intérieur..
https://twitter.com/U2/status/524680453371207680
Volcano branché chez Jools Holland.
larry edge adam au top pour volcano , reste plus qu ´à bono à retrouver de la puissance au lieu de simuler un orgasme .
le break a la fin sur volcano est enorme, ca sent le gros live …. the miracle et volcano ca envoie du lourd quand même
C clair , avec l’artillerie lourde c le top!(belle perf de Larry) mais á quand EBW avec les 4 versions albums!??
Mais dommage pour moi, je préfere glastonbury à volcano(ben oui á la fin y a le riff de glaston, ca aurait pu être the rock tube)… et les 2 minutes de stingray guitare 360 à lucifer’s hand (petite face B selon moi)
je dois trop en demander!
http://www.youtube.com/watch?v=2pcp4WI_v7c&feature=youtu.be
de la bomba
C’est chiant avec le coffret en carton noir brillant : on voit les traces de doigts. Ça fait des tâches blanches moches.
http://www.lemonde.fr/culture/video/2014/10/17/apres-la-polemique-u2-quelles-solutions-pour-financer-l-industrie-musicale_4508168_3246.html
Ce qui change beaucoup de chose en envergure, et Pedro sera d’accord avec moi, ce sont les percus de Larry. Il envoie du lourd avec 5 caisses au total… Zoo TV mon amour…
c est le son qui est pourri sur the miracle ou c ´est bono qui a du mal ?
Mouais je trouve le livret très bien moi. Pas pratique mais très bien. Et sobre, j’aime.
Par contre le packaging est fragile.
The miracle of Joey Ramone.. Branchė, full band… Enfin!
https://www.youtube.com/embed/eSqcsWAveRs
Et ça envoie!!! Les gars restez branchés.
Je veux Every… plugged!!
Ajouter une réaction