Hello, hello, I’m at a place called Vertigo! Cette fin d’année 2004 sonne le retour de U2, mais va t’il encore nous donner le vertige ? Loin de s’endormir sur quelques Best Of (même très bien arrangés, comme celui de la période 1990-2000 avec ses quelques inédits), « le plus grand groupe du monde » réapparaît avec un tout nouvel opus How To Dismantle An Atomic Bomb.
Après « All that you can’t leave behind », un album populaire et de ferveur, une tournée mondiale en 2001 à gros succès, que pouvait-on espérer d’un groupe affirmant déjà en 2000 avoir réalisé son retour aux sources, donc en quelque sorte, une boucle proche d’être… bouclée ?
Qu’étions-nous en droit d’attendre, d’un chanteur charismatique mais aux activités humanitaires toujours plus soutenues, ou d’un The Edge parfois seul dans le studio d’enregistrement pour composer la suite discographique de U2 ?
Un album enfin décomplexé et de guitares serait-on tenté de répondre !
De guitares oui, il en est question et elles sont omniprésentes ; ou comment The Edge et ses compères revisitent en 11 titres les espaces inexplorés de « Unforgettable Fire ». Richesses de sons aussi, confiées à une armée de producteurs réputés, parmi lesquels, au premier plan Steve Lillywhite, puis Chris Thomas, Flood ou Brian Eno.
Mais attention, cet album audacieux, à multiples facettes, est plus difficile à aborder qu’il n’y paraît. Loin d’être aussi évident grâce à quelques hymnes caractéristiques que l’on serait en droit de constater, il est délibérément à l’opposé d’une approche simple et sans fioritures.
Les mélodies y sont moins flagrantes que sur « All That You Can’t Leave Behind ». Pourtant celui-ci ne fait pas non plus dans l’avant-gardisme sonore et dépose une idée de classicisme à la fois nouvelle et un peu aventureuse.
Alors ?
How To Dismantle An Atomic Bomb n’est autre que la réaction et en même temps le prolongement de « All that you can’t leave behind ». Le sillon est creusé encore plus profondément, et si nous sommes en face d’un album manifestement éclectique, les germes et les influences sont bien à chercher autour d’une période et d’une alchimie improbable entre la fin des expériences sonores constatées dans « Unforgettable Fire » et avant la solidité d’un « Joshua Tree ».
A l’image de Pride, qui fut le premier single sur « Unforgettable Fire », le simple Vertigo, s’il ouvre l’album, ne l’annonce pas. Ce morceau aurait parfaitement pu sortir des « outtakes » de « Boy »; il offre des envolées et des réminiscences que The Edge lui-même ne se croyait plus capable de rééditer ! Mais il ne prépare en aucun cas la suite de cet album atmosphérique.
En effet, loin d’être un album uniquement Rock, comme ont pu le prétendre les médias ou le groupe lui-même (quand bien même celui-ci est effectivement plus dynamique que le précédent ), c’est bien d’un album « climatique », dont il est question, voire par moment de titres qui n’auraient rien d’inopportun sur un album Soundtrack enflammé.
Le somptueux Miracle Drug inaugure parfaitement ce jeu d’ambiances complexe et coloré, Sometimes You Can’t Make It On Your Own en première ballade de l’album, peut faire penser à un « Promenade » abouti et sonore qui se serait échoué sur l’arbre de Josué en Mid-tempo. Autre climat sonore encore avec l’OVNI de l’album Love And Peace Or Else, ou quand le « Metal man machine » de Lou Reed se confond avec un fond bluesy quasi « Zepellin » dans l’esprit.
Les deux titres suivants City Of Blinding Lights et All Because Of You bénéficient de réelles envolées lyriques enthousiasmantes, avec un « rock héroïque » enfin de retour : une basse surpuissante, un clavier en forme, des riffs cristallins, une rythmique d’ensemble effrénée. Sans aucun doute, les caractéristiques de ces deux morceaux augurent un esprit tourné résolument vers une approche « live » et doivent être mises en perspective avec la prochaine tournée.
La partie suivante de l’album s’oriente vers une approche plus « progressive » des titres : One Step Closer, Crumbs From Your Table et Original Of The Species, illuminent parfaitement cette richesse d’émotions, alternant plages aériennes, lyrismes et influences « scarabées ». Nous nuancerons avec A Man And A Woman, qui peut, a contrario, apparaître plus léger et anecdotique au sein de cet album. Sur Yahweh, qui conclut honorablement cet album, Bono communique étrangement avec la guitare d’un The Edge inspiré.
Le nouveau cycle amorcé en 2000, et après les deux des 80’s (Boy/October/War, UF/JT/R&H) et celui des 90’s (AB/Zooropa/Pop), est donc bien réel. U2 enrichit ses compositions ; son style musical pourtant caractéristique s’est encore affiné et diversifié.
Une multitude de sons, de producteurs, d’atmosphères, révèle aussi un positionnement dangereux. Il surgit, ça et là, un sentiment d’inachevé, un album révélant un problème conceptuel à la base, une cohésion moins évidente entre les quatre musiciens avec notamment le sentiment d’un Bono dispersé et, à l’opposé, un The Edge très impliqué.
How To Dismantle An Atomic Bomb, risque donc de ne pas apparaître comme l’album abouti et fédérateur qui pouvait être attendu du public, et à ce titre s’expose à un vif débat autour de la créativité simultanée des membres du groupe.
Toutefois il est aussi rassurant de constater que U2 a su puiser, dans son passé et ses racines, la force de conserver la spontanéité de ses débuts, tout en échappant dans le même temps à quelques stéréotypes agaçants parfois trop simples, dans lesquels il aurait pu être entraîné.
A classer entre The Unforgettable Fire et All that you can’t leave behind.
Discussions
31 commentaires ont été publiés pour cet article.
@Acrobat
oui c’est une façon de parler, cela m’a frappé dès le début du film, pas avec les spectateurs qui passent les portiques et qui courent, mais dès qu’on voit les fûts de Larry et qu’il commence à taper dessus, c’est réellement impressionnant
quant à une éventuelle sortie DVD, ce sera pour santa claus comme d’hab
Ca va peut etre venir, parce que là il commence à mettre good morning england qui est sorti y’a plus d’un mois et bon U23D ça fait un baille qu’il est sorti non ? genre 1an ou 2 ?
@llujni: je suis de metz,ici il ne le repasse pas!!
@ Guffanti : il passe au mega CGR du mans lol
Vous me donnez vraiment envie d’y aller alors j’crois que je vais me laisser tenter, ça me fera patienter jusqu’au 12 ^^ ou alors ça va avoir l’effet contraire et m’impatienter.. ;)
Moi aussi, je suis allé voir U23D et franchement même si c’est effectivement du déja vu, ça vos vraiment le coup. De plus le concert filmé est a mon gout meilleur que le DVD du live de Chicago.
@yeah , tu dis: « les mecs jouent pour toi, dans ton salon, c’est phénoménal », c’est une expression ou t’as vraiment vu le concert dans ton salon? Si oui c’est sorti en DVD?
@llujni: au fait il repasse ou?
j’y suis aller le 3D et remarquable et le concert aussi!! vas y ça vaut le coup. Comme si t’y était.
oki j’prends note ^^ parce qu’il passe dans le seul ciné près de chez moi ^^ ça me tente mais j’préfèrais demander l’avis avant
D’ailleurs si il y a d’autres avis ^^
@llujni
moi oui, j’y suis allé, franchement c’est à voir, bon le concert c’est du déjà-vu, mais les images, c’est impressionnant, les mecs jouent pour toi, dans ton salon, c’est phénoménal
19 ? j’étais restée à 20, c’est encore mieux , merci ^^ aaaaaaaaaah j’ai tellement hâte !
Sinon @ guffanti et @ux autres : (hors sujet mais pas tant que ça) vous etes allés voir U2 3D ?
@llujni:plus que 19 soir pour toi et 18 pour moi!!! et que 6 pour certains.
@ Hewson : c’est quoi ton truc de vrai fan… C’est pas parce qu’on approuve pas tout de U2 qu’on est des raclures tu sais…
Soit dit en passant, je suis toujours d’accord @vec Yeah !
@hewson : les rolling stones sont formatés depuis des dizaines d’années ou ils produisent de la merde pour l’industrie du disque. Charlie Watts prefererait battre avec son groupe de jazz à longueur d’années mais les contrats en sont autrement…c’est pas moi qui le dit mais lui!!!
Ce que je veux dire c’est que How to, et je pense la même chose de All that, pourrait, dans ses grandes lignes, être écrit par n’importe quel autre groupe….. c’est en ce sens que je considère que cela ne ressemble pas à U2.
Après c’est évident qu’il n’y a rien de commun entre mofo et shadows and tall trees, si ce n’est que c’est le même groupe, que la structure des chansons est souvent là-même (couplet-refrain-couplet-pont….), la façon de les interpréter aussi (choeurs de edge par exemple), et nous sommes d’accord, ils ont toujours proposé autre chose que le disque précédent, ce qui est l’explication centrale de leur extraordinaire longévité….. en plus de talent
bravo marco, enfin un vrai fan !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Les beattles, les rollings stones, the who sont eux aussi inclassables, pas formatés par des maisons de disques ou des big brother comme tf1.
« vrai U2 », « pas vraiment du U2 », « U2 originel »… A vous lire, on a la sensation que la musique du groupe est, comment dire ?, « formatée » peut-être ? Ce n’est pas le mot que je cherche, mais peu importe…
Aprés presque 30 ans d’écoute, je suis bien incapable de définir la vrai nature de leur oeuvre ! Quel point commun pouvons nous trouver entre… aller au hasard, entre Electric Co et No line on the Horizon, entre Zooropa et When love comes to Town, entre Mofo et Elevation… ou encore entre Tomorrow et One ? Oui, évidemment il y a des points communs : musique pop/rock, timbre de voix (et encore…), touché de cordes… mais la principale force de U2 c’est justement de ne pas s’être laissé enfermer dans une seule direction, c’est d’avoir essayé des « choses » quitte parfois à se cogner dans les murs…
@ Gunther : la 3, 4 et 5 ne sont pas si lentes que ça, j’les aime bien et les trouve assez prenantes. Et tu oublies Breath, no line et Magnificent qui rythlent aussi l’album. Pour GOYB, je l’aime bien mais j’ai un peu l’impression que c’est un Vertigo raté.
@ yeah
je pense au contraire que le dernier album n’est pas vraiment du U2 mais plus du Brian Eno, avec U2 à l’interpretation:
légerement planant, ultra- travaillé, et peu rock.Il est moins accessible car moins énergique; les morceaux sont long et lents (tracks 3, 4 et 5).Seul GOYB et stand up dymanisent le tout.
Dismantle et et vertigo revenaient d’avantage au U2 originel avec notamment Vertigo,en souvenir des années 78-83 et la prod de lillywhite.
@ Yeah : entièrement ok avec toi.
J’aime cet album mais pourtant avec NLOTH j’ai carrément plus l’impression d’entendre du vrai U2, pas du U2 trop « accessible ». Je me suis plus vite lassée de atomic bomb que je pourrais me lasser de no line.
pourtant moi je considère que Original est une merveille.
Ceci dit il est évident que l’album est accessible et que, porté par Vertigo (lui-même porté par Apple), il s’est très(trop?) bien vendu. Et si il a un côté rock FM qui cartonne aux USA, il n’est à mon sens que peu identifiable à U2…. rien ne ressemble vraiment à U2 là-dedans, à part peut-être City que j’ai toujours considéré comme un ersatz de Where The Streets Have No Name.
Et dieu que cette pochette est moche, et que dire de Bono qui a eu là son plus mauvais look, toutes époques confondues
Prochaine étape, la revue de Boy et October… :-)
Bravo de relancer une revue datée de 5 ans !
En vous lisant me suis remis à écouter Atomic Bomb.
La facilité avec laquelle je me suis replongé dans l’album est certainement une des raisons (en plus de celles des singles percutants) pour lesquelles les ventes ont été si bonnes.
Même si la prod est parfois médiocre, l’album demeure accessible, identifiable à U2 et certains morceaux accrochent aisément l’auditeur.
Miracle Drug n’est pas une merveille de compo et/ou de songwritting mais capte l’attention, même chose pour City ou Original of the species. Ces morceaux provoquent une adhésion immédiate, s’offrent facilement au public. C’est toute la différence avec No Line, album exigeant, demandant un effort d’attention et des « auditeurs actifs ».
Atomic Bomb a un gros problème dans sa construction et c’est effectivement là que l’on ressent la dispersion des producteurs et des membres du groupe. La tracklist n’est pas bonne, la prochette est ratée et le titre même de l’album est à côté du sujet, même si accolé à Vertigo et All because Of You, il a sans doute permis de vendre l’image rock du groupe aux Etats-Unis.
No Line est sans aucun doute moins efficace que son prédecesseur mais comme le dit Marco, celui-ci révèle une ambition collective renouvellée, ce qui n’est quand même pas si évidence pour un groupe qui travaille ensemble depuis tant d’années.
NB : Vertigo et Love and Peace sont des merveilles que je vous interdis de toucher :)
OK avec toi, et c’est marrant de relire la revue de Pascal 5 ans plus tard. Le point faible d’Atomic Bomb est précisément ce qu’ils ont particulièrement bossé sur NLOTH. Comme quoi, ils devaient en avoir conscience également.
Je préfère largement Get on your Boots à Vertigo… Pour moi, la magie opère dans Miracle Drug… Crumbs possède un Son… Ah, les goûts et les couleurs…
NLOTH arrive à montrer un véritable travail de groupe. Edge et Bono toujours là, avec cette fois, une énergie renouvelée… Larry et Adam de nouveau trés impliqués et donc une section rythmique beaucoup plus riche et inventive… Bref, la musique c’est un gros boulot et là, ils ont travaillé et ça s’entend… Il n’y avait pas cela dans Atomic Bomb. Je rejoins donc tout à fait Pascal vers la fin de sa revue…
J’ai réécouté ce week-end l’album moi aussi, histoire de « comparer » avec NLOTH une fois passée l’euphorie de la nouveauté…
Je dirais qu’Atomic Bomb réussit à placer 2 tubes (Vertigo / Sometimes) là où NLOTH échoue totalement. Vertigo est qd même une sacrée rampe de lancement pour l’album et explique pour bcp son succès commercial, Get On Your Boots parait bien mièvre à côté.
Dans l’ensemble par contre, NLOTH est plus homogène et possède moins de défauts qu’Atomic Bomb (City et Crumbs produites n’importe comment, Miracle Drug et All Because Of You sans intérêt, Yahweh plus faible que la version démo, etc etc). Peut-être que ce dernier pâtit des différents changements de producteurs lors de son enregistrement.
ok avec Marco, Yahweh est un véritable bijou pop (au sens propre du terme), mélodiquement c’est parfait
et j’ai beaucoup aimé la version live avec les « hohouho » poussées par edge
pour rester dans la bomb, je retire sometimes, city, love & peace et A man & a woman et c’est bon
J’ai adoré la version live par contre. Tres belle version.
Je vais réecouter la version studio pour trouver ce truc frais dont tu parles!!!!
3 ans après mon opinion aura peut etre changé.
Dans Yahweh il y a un truc « frais » qui me plait bien, je peux pas dire quoi exactement mais ça me le fait !!
Mouais, pour ma part j’enlève aussi l’infecte yahweh et a man and a woman. j’aime assez par contre love and peace et je rajoute fast cars.
L’écoute assidue de No line m’a donné envie de revisiter Atomic Bomb que j’avais trés vite mis de côté… Finalement en enlevant Vertigo, Love and Peace, City… et All because…, j’obtiens un mini LP de 30 mn tout à fait écoutable…
c’est sans contredit, un nouvel album de U2; donc un nouvel état de grâce qui me suit depuis plus de 20 ans…
mon analyse est pourtant plus simple que l’habile et juste description que je viens de lire…
chacune des pièces m’envoutent pour ce quelles sont individuellement par rapport à ma vie…
j’ai l’album depuis le jour de sa sortie à Montréal et il ne se passe pas une semaine sans que je l’écoute et le ré-écoute…
je suis un fan et je ne m’en cache pas; je viens d’avoir la chance de vivre les 2 spectacles de cet immense, généreux et génial groupe (aux influences qui m’aident à traverser ma vie spirituellement parlant, soit dit en passant) du 26 et du 28 novembre 2005 – et, comme nous disons de par chez nous : Oui, je l’aurai dans la mémoire longtemps !!
merci U2, merci d’être…
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