Ce qu’il faut jeter aux oubliettes de l’iNNOCENCE + eXPERIENCE Tour

, par Pauline & Cyril 20 commentaires

A un mois du début de la nouvelle tournée de U2, le iNNONCENCE+eXPERIENCE Tour, les fans se prennent à rêver de ce qui leur ferait envie. Certains imaginent même influencer le groupe grâce à Twitter. Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Fidèle à sa volonté de ne rien faire comme tout le monde, Sucking vous propose plutôt de faire la liste de ce qu’il serait bon de mettre au placard.

Le réflexe serait de s’attarder sur les grands classiques, indéboulonnables depuis la nuit des temps, devenus agaçants au fil des ans. C’est le cas de With Or Without You, I Still Haven’t Found, Pride, Sunday Bloody Sunday et même de One. Bien sûr, ces chansons ne sont pas soudainement devenues barbantes, mais c’est ainsi, elles ont simplement subi les affres du temps et perdu de leur hargne et/ou de leur charme. La faute souvent à ce brave Bono, plus vraiment capable d’en interpréter certaines depuis les années 90. Mais le groupe a besoin de ses tubes pour satisfaire le grand public, qui compose l’essentiel des spectateurs réunis chaque soir dans la salle ou le stade. Eux viennent pour entendre ces morceaux dont les fans se sont gentiment lassés. Difficile donc d’imaginer leur disparition pure et simple, mais du ménage reste possible.

Ces titres qui ont fait leur temps

Il arrive qu’à force d’entendre une chanson, les qualités qui la rendaient inestimables aient pris quelques rides. C’est d’autant plus vrai lorsque celle-ci a perdu progressivement de son intensité. Walk On est à ce titre un exemple parfait. Alors qu’elle concluait royalement les soirées de l’Elevation Tour, il est cruel d’entendre huit ans plus tard une chanson en manque d’énergie et d’émotion. La faute en partie à l’absence de seconde guitare, qui rend le tout d’une platitude affligeante. Dans la même veine, Where The Streets Have No Name, qui tire toute sa force d’une intro crescendo où le duo The Edge/Larry mène la mesure comme aux belles heures des galères romaines. Or, voilà que ces dernières années, Larry s’est mis en mode Radio France et se croise les bras lors des préliminaires. Résultat, le crescendo prend des allures de pet de mouche dans un verre d’eau. Une mollesse renforcée par un light-show devenu à peine plus excitant que celui d’une boîte de nuit de la banlieue rémoise. A U2 de trancher. Soit Streets sera mise de côté, comme cela avait failli être le cas en 2005, soit elle sera de nouveau du voyage, mais devra être remise à niveau pour répondre aux canons qui ont fait sa légende.

Les changements d’intro ne sont pas par ailleurs forcément nuisibles aux chansons, comme l’a démontré Elevation. C’est à ce titre la chanson de U2 qui a le plus évolué au fil des tournées. Après une version conforme à l’album en 2001, Elevation surprend en 2005 grâce à deux premiers couplets joués presque sans instrument (si ce n’est quelques accords d’Edge pour accompagner) avant d’exploser lors du refrain. En 2010, c’est au public de lancer la chanson sous l’incitation d’un Bono surexcité attendant que la foule fasse décoller le stade. En trois tournées, Elevation aura donc été jouée à toutes les sauces et à moins d’une improbable nouveauté, peut-être qu’une pause serait bienvenue, même s’il ne sera pas simple de se passer d’un morceau si rock.

Le cas de Mysterious Ways est différent. Sublimé par les danses envoutantes de Morleigh Steinberg en 1993, le morceau offrait un autre visage de U2, avec un peu de chaleur et même une petite tension sexuelle. Mais les années passent et l’effet est retombé. Après avoir été joué à quasiment tous les concerts depuis le ZooTV Tour, vingt ans et 507 représentations plus tard, un repos de quelques années ne serait pas de trop pour que le plaisir de l’entendre en live reste intact. Un sort identique pourrait s’appliquer à Beautiful Day. Un titre phare mais inchangé depuis ses débuts, même si U2 s’était essayé à une très jolie nouvelle intro en 2009. Au bout de quinze ans, il est grand temps pour LE tube de U2 des années 2000 de se faire un lifting s’il ne veut pas devenir un vulgaire titre de Bon Jovi. Un changement de cap toutefois difficile à envisager, le public continuant chaque soir de s’enflammer aux premières notes de guitare de The Edge.

Pour une toute autre raison Until The End of The World s’ajoute à la liste. Qu’est-ce qui peut bien être reproché à ce titre ? Le solo de The Edge ? Absolument pas. Son absence de renouveau ? Non plus. Le duel final entre Bono et Edge ? Toujours pas. Non, ce titre a simplement été trop parfait durant le 360° Tour, grâce notamment à un jeu de lumières efficace et une mise en scène so rock’n roll. A l’instar d’un Bullet The Blue Sky, Until doit faire une tournée sabbatique et faire languir le public d’un prochain retour.

Les résurrections indésirables

Lorsqu’en 2005 U2 lance son Vertigo Tour, les fans sont pris de court en découvrant des chansons oubliées depuis plusieurs années. C’est avec une délectation non feinte que chacun (re)découvre Electric Co, An Cat Dubh/Into The Heart et Zoo Station. Même chose en 2009, lorsque le groupe frappe fort en dépoussiérant The Unforgettable Fire, Ultraviolet, Zooropa, Even Better Than The Real Thing, et même l’éphémère Your Blue Room.

Pas de raison pour que le I+E Tour échappe à la règle, il y a donc fort à parier que le groupe s’amuse à ressortir quelques vieilleries, pour notre plus grand plaisir, ou notre plus grand désespoir. Si Songs of Innoncence se prêterait bien à un rapprochement avec War, The Refugee est prié de rester dans sa tombe (de laquelle il n’est d’ailleurs jamais sorti). Imaginez un instant son retour avec Larry tapant sur des boîtes de conserves pour imiter l’intro tandis que Edge hurle les « wohohoh »… Non, vraiment, cette perspective n’a rien de réjouissante.

Puisque l’on tient le bon bout, ne lâchons pas. Inutile de retenter l’aventure Wild Honey. D’ailleurs rien que le fait de l’écrire ici est déjà une hérésie fondamentale. Une mélodie plate, des paroles niaises, le tout formant une guimauve écœurante… Voilà du U2 dont tout le monde peut se passer. Cela sera le cas de beaucoup d’autres. Mais il n’y a pas que les ratés qui doivent rester dans les cartons, même les réussites comme Lemon n’ont plus leur place dans une setlist de 2015. Encore à cause de Bono, plus capable d’assurer les aigus qu’exige le morceau. Et comme il n’est pas question de risquer une rupture de cordes vocales, autant renoncer.

Ces petites habitudes qui ont la dent dure

U2 en concert, ce n’est pas qu’une setlist, c’est aussi un spectacle, réglé au millimètre. Et pas question d’y déroger. Souvenez-vous de Bono en 2005 qui se croyait obligé, à chaque interprétation de Electric Co, de jeter de l’eau en direction de son guitariste parti se dégourdir les jambes sur le catwalk. Au début, c’est marrant, puis c’est tout juste sympa et au quatrième concert, c’est pénible. N’en faites pas autant diriez-vous ! Ce n’est pas le sujet. Le problème, c’est que Bono est incapable de simplement être naturel lorsqu’il est sur scène. Sauf aux endroits prévus pour qu’il le soit, ceci à un moment prévu par contrat avec la production. Le trait est à peine grossi. Et que dire de ce majeur tendu vers les journalistes en 2010 ? Un geste faussement rebelle, totalement surprenant le premier soir à Turin, devenu ridicule dès les soirs suivants. Un peu de spontanéité que diable !

La séquence acoustique, installée de la meilleure des façons lors du ZooTV Tour, est aussi devenue un rite incontournable des tours de chant de U2. Au point d’être devenu pénible. Les morceaux sont toujours un peu les mêmes, les mots prononcés se ressemblent d’année en année, et finalement, tout le monde s’ennuie. Même l’émotion et la convivialité ont disparu de ces instants alors que cela devait en être le moteur. Lorsqu’elle permet, comme ce fut le cas à Berlin en 2009, de faire monter une bande de saltimbanques locaux pour jouer Angel of Harlem, alors oui, mais si c’est pour que The Edge et Bono nous pondent une énième version de All I Want Is You, alors non, vraiment, ce n’est plus possible. Il faut aussi que Bono cesse de remercier le public de leur «avoir offert une vie formidable» et cesse de proclamer «qu’il ne voudrait être nulle part ailleurs qu’ici ce soir». Tant mieux pour nous au prix où ils nous ont vendu leur place !

Discussions

20 commentaires ont été publiés pour cet article.

unforgettableu2

interview tres interessante de u2 sur le site du new York times
pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur ce fameux concept innocence experience et la forme de la scene

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Hold Me

Merci, c’est sympa de respecter le besoin de découvertes de certains. En tous cas ça approche sévère!!!!!
Il n’y aura pas de supplément à Paris puisque 3 jours après le dernier concert de U2 les Foo Fighters sont annoncés au POPB. A moins que mon tuyau soit percé mais je ne pense pas, il vient d’un site de résa de places de concerts sérieux qui commence par T et finit par R……..

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bert

3 jours même pas, c’est le lendemain 16 novembre. J’ai vu les pubs dans le métro cette semaine.

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Hold Me

C’est un coup à produire un véritable « unplugged » avec absence totale d’effets visuels et sonores pour cause de scène démontée. Pour tous ceux qui souhaitent enfin un concert intimiste et sans fioriture.

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Cyril

Attention ! Ceux qui veulent commenter l’article du NYT peuvent le faire sur l’article «spoiler» dédié aux plus impatients. En cas de non respect de ce gentlemen agreement, nous serons obligés de vous faire une teinture renard à-la-Bono ;)

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Hold Me

Et si on avait droit à deux setlists distinctes: une US et l’autre Europe? Vus que, pour l’instant ils n’ont ciblé que deux continents. Vous avez des nouvelles quant aux concerts à Dublin?

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Pauline

Il se murmure que les concerts à Dublin auraient lieu fin novembre et non pas en décembre. Mais rien d’officiel.
Concernant les setlists de la tournée y’aura surement des changements faits entre les US et l’Europe, quelques ajustements. Néanmoins pas de gros changements je pense.

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unforgettableu2

la chanson a bannir absolument c’est stuck in a moment
c’est un de leurs titres les faibles mais malheureusement les plus joués ces dernieres années
il est temps de le remiser au placard
sinon le rapprochement avec war semble evident
le titre seconds dont noel gallager dit que c’est l’un des meilleurs groove de u2 serait parfait pour lancer volcano
un enchainement raised by wolves sunday bloody sunday aurait de la gueule dans la partie plus politique
le reve serait qu’ils osent enfin revenir sur certains titres de pop
gone ou last night on earth auraient leur place sur cette tournée
je ne comprends toujours pourquoi un tel desamour pour cet album qui est un de leur chef d’oeuvre

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Hold Me

Moi, je suis d’accord avec cousin Albert! Sauf que Pop est bien meilleur, c’est tout.

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Marco

Sauf que, comme disait Einstein, tout est relatif !… Et cela vaut pour la musique. Chacun ses préférences !! ;-)

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Hold Me

Enfin, c’est vrai que Pop est l’un de leurs meilleurs, sans doute le meilleur. Je me sens moins seul tout à coup.
La tonalité des deux albums est assez proche: assez « mélancolique », je dirais; même si peu d’albums s’avèrent « légers-légers ».

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Arrêteravecpop

Pop est très loin derrière achtung baby et ne lui arrivera jamais a la cheville faut arrêter
Ici on est fan de pop pas de U2 lol

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bert

La supériorité d’Achtung Baby ne fait aucun doute, mais lui a bien été joué et rejoué en live et le sera encore d’ailleurs, tant mieux. Pop cristallise plus de frustration puisqu’il est boudé par le groupe dans des proportions totalement absurdes, alors même que de nombreux fans l’apprécient vraiment.

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Wiky

Discotheque, Mofo, Angels, biensur Please (qui est pour moi le meilleur titre de U2) et Gone (qui reste un des meilleurs titres live), 5 titres sur 12 simplement géniaux.
En effet boudé PoP est totalement ridicule. J’aurai largement preferé un des 5 titres pré-cités sur la derniere tournée, à la place de Magnificent et Still réuni.
Quand tu entends One ou WoWy en Live, en version « ca fait 1.000.000.000 de fois qu’on la joue, on est en pilote automatique », ca parait evident qu’un Please serait 100 fois meilleur.
Mais bon, ca fait parti des incoherences du groupe selon moi, et faut faire avec …

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Pascal

Les snippets à répétition dont les mini allusion à Discothèque, ça dégage aussi! Jouez la en entier si vous avez encore des couilles

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bert

Les snippets mériteraient un article à eux seuls! En effet il faut que cette plaisanterie cesse, c’était bien quand U2 en glissait des petits clins d’oeil de temps en temps. Mais maintenant c’est devenu grotesque. Il y a plus de snippets que de vraies chansons dans leurs setlists ;)

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Cyril

Le pire, ce sont les sites de fans décérébrés qui répertorient ces snippets. Certains osent même compter 2 phrases d’une chanson comme une interprétation normale. Qu’on les brûle !

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bert

Et oui U2 a bien joué Discotheque et Please en 2011, de quoi se plaint-on?!

Miss You (snippet) / I’ll Go Crazy If I Don’t Go Crazy Tonight / Lady Marmalade (snippet) / Discothèque (snippet) / Please (snippet) / Life During Wartime (snippet) / Psycho Killer (snippet).

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JCdorleans

Je suis d’accord avec vous, mais vous êtes un peu dur !

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