Nous y voilà, à Amsterdam, seule ville ayant la chance d’accueillir trois fois le Vertigo Tour dans sa déclinaison europe (Dublin évoluant dans une catégorie intouchable et à part). Encore sous le choc du génialissime Dublin 3, c’est volontairement que mon choix s’est porté sur cette troisième et dernière date.
De plus les Pays-Bas sont le pays où depuis le commencement de leur carrière, rien n’a été épargné au groupe : du succès rapide lors des festivals début 80’s à la galère d’organiser un concert, puis deux, puis trois à Arnhem en 2001, en passant par la vente éclair des billets pour les deux Rotterdam du Popmart Tour (inédit à l’époque de cette tournée fiasco) ou par le raté et remboursé concert du 18 décembre 1989 à Amsterdam.
C’est donc au pays des paradoxes et des incertitudes que je décidai de me rendre et non en territoire béni comme le pense l’écrasante majorité des fans du groupe.
Des tshirts Vertigo ‘05 croisés à la Central Station aux fans belges dans le métro (décidémment très mobiles sur la tournée), tout me rappellait ce pourquoi j’étais venu. Mais c’est en me retrouvant au milieu des fans devant ce magnifique stade de l’Arena, habituel antre de l’ajax à qui U2 vole la vedette une fois de plus cette semaine, que je retrouve ce sentiment toujours aussi fort : être chez soi où que l’on se trouve sur une des étapes d’une tournée de U2. Preuve en est qu’Amsterdam était plus que jamais un highlight de cette tournée, l’étonnante mosaïque de drapeaux et de maillots de foot jonchant les alentours du stade : belges, français, britanniques, sud-américains, espagnols, slovènes, irlandais, américains, etc.
Ayant une place tribune, je pouvais prolonger ces moments de communion sans contraintes…après donc avoir communié avec les fans, il me fallait le faire avec nos quatre irlandais non sans passer par nos habituels et définitivement sympathiques amis de Snow Patrol.
Première surprise à l’intérieur du stade, le toit est une sorte de verrière qui nous renvoit une chaleur épouvantable quand on est, comme dans mon cas, en tribune haute. Mais pas de problème, on est venu à un concert de rock, la buvette est à côté, envoyez les watts !
Un show propre, sans bavure et une dose de génie
C’est parti avec « Vertigo » qui nous assure comme toujours la première chanson de la partie très rock du show, partie sans surprises mis à part la montée sur scène d’un fan en tenue de catcher pour porter Bono et le solo de guitare de « New Year’s Day » complètement raté. La première demi-surprise arrive : « Who’s Gonna Ride Your Wild Horses », titre pourtant abandonné au bout de deux mois en 1992 car jugé trop difficile à interpréter sur scène, prend grâce à un Bono déchaîné des allures de standard du groupe. Quelques titres plus tard, Edge se met au Piano pour ce que l’on pense être « Running To Stand Still », Bono entonne les premiers vers de « Miss Sarajevo » de façon peu brouillonne et dès lors, on croit à un snippet de ce titre…mais non, on tient notre surprise, « Miss Sarajevo » sera joué et le public agité de l’Arena, encore sous le coup de l’émotion se taira jusqu’à la partie ténor en italien de la chanson que Bono chantera brillamment, laissant en délire les 60 000 fans. Ce sera le Deus Ex Machina d’un show que l’on prédisait sans grandes surprises et si cela n’en etait pas assez pour qualifier ce concert d’unique et magique, la version éléctrique et inédite de « Original Of The Species » éteindra tous les doutes.
Seules ombres au tableau, la dédicasse à Pim Fortuyn, leader populiste assassiné…accueillie entre sifflets et applaudissements, et l’abscence du second « Vertigo » (pourtant prévu) que le groupe a préféré remplacer, en voyant un public plus chantant que remuant, par « 40 » avec Bono éclairant les musiciens quittant la scène.
J’ai quitté le stade un peu frustré, frustré de ne pas avoir eu la décharge d’adrénaline que provoque le second Vertigo, frustré de voir que le temps où l’on pouvait croire en un bouleversement de setlist est définitivement révolu, frustré du peu de changements sur l’ensemble de trois concerts en quatre jours. Le problème du fan gâté qu’on est tous est de savoir que U2 est le plus grand groupe du monde (toute tentative d’introduction du mot « Rolling Stones » dans le débat confinerait à l’obscénité) et d’attendre chaque soir le plus grand concert du monde. Gardera-t-on un souvenir de ce concert ? En tout cas pas en DVD car le tout autant détesté pour « Live From Boston » qu’adoré pour « U2 Go Home », Hamish Hamilton était présent ce soir-là mais sans son armada de cameramen…
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