De juillet à décembre, voici la seconde et dernière partie de notre fiction préventive sur l’année 2009, qui d’après Bono sera celle de U2. Une nouvelle fois, toute ressemblance avec des situations déjà vécues ne serait pas totalement fortuite.

Si vous avez manqué le début, lisez la première partie de notre chronique consacrée aux mois de janvier à juin.

Juillet

La tournée européenne débute à Bruxelles, au Stade du Roi Baudouin. Cauchemardesque. Il pleut des cordes, il fait un froid de canard, on se croirait en novembre, les membres du groupe paraissent paralysés sur scène et jouent comme des robots, sans âme et sans plaisir. Le public assiste passivement à la débâcle. Le lendemain, la presse tire à boulets rouges sur U2 et sur les infrastructures du stade bruxellois.

Durant les concerts suivants, le groupe se reprend mais change complètement de setlist par rapport à la tournée américaine. Les titres de « No Line On The Horizon » demeurent mais les vieux tubes font tous leur come-back : « New Year’s Day », « I Still Haven’t Found… », « One », et même « Desire ». « Pride » remplace « Magnificent » pour la transition avec « Where The Streets ». C’est l’incompréhension totale pour beaucoup d’anciens mais l’euphorie générale chez les nouveaux fans.

A la fin du mois, U2 remporte tous les suffrages de la presse grâce à cinq concerts strictement identiques à Croke Park durant lesquels « I Will Follow », « Out Of Control », et « Party Girl » font leur première apparition de la tournée. Bono profite du retour de « I Will Follow » pour réintroduire le lancer de gobelet sur The Edge, qui n’avait plus été utilisé depuis le concert d’Honolulu en 2006.

Août

U2 reconduit la setlist de Dublin et livre des concerts rapportés comme excellents en Italie et en Espagne. Bono déclare : « Je crois qu’on joue les meilleurs concerts de notre carrière ».

Pourtant annoncé comme LE concert de la tournée par McGuinness, le concert de Nice est d’un inintérêt frôlant l’indécence. Pour l’occasion, U2 avait aménagé une zone spéciale devant la scène avec 5 000 sièges réservés à leurs invités du showbiz, ce qui plongea le concert dans une profonde léthargie.

Dans le même temps, des rumeurs selon lesquelles les ventes de « No Line On The Horizon » ne sont pas conformes aux prévisions commencent à circuler. Mercury réagit en annonçant la sortie du troisième single de l’album : « Magnificent ». Pour la version single le groupe fait appel à Stuart Price et enregistre une nouvelle version de la chanson entre deux concerts, malgré la voix cassée du chanteur. Bono s’explique : « Stuart a fait un boulot extraordinaire sur le dernier album fantastique des Killers, on voulait vraiment travailler avec lui, je pense que c’est notre meilleur remix ».

Le single sort à la fin du mois, et passe en boucle sur RTL2 entre le dernier titre posthume des Bee Gees et le nouveau Tears For Fears. Aucune trace de « Cedars Of Lebanon ».

Septembre

U2 débarque au Stade de France. Les fans ont prévu un accueil tout particulier : après les ballons blancs en 2005, le concept cette année est de venir au concert avec un t-shirt orange. Un fan voulant garder l’anonymat s’explique : « la dernière fois du blanc, maintenant on passe au orange car c’est une des couleurs du drapeau irlandais, la prochaine fois on va trouver quelque chose autour du vert, c’est pour montrer à U2 qu’on les aime ». Le groupe semble apprécier et livre une prestation de haut vol, bien que parfaitement identique aux quatorze concerts précédents.

Le lendemain, pour son second concert parisien, U2 ampute le concert de trois titres et quitte la scène avant le dernier rappel sur injonction de Bono. Les puristes crient au scandale, les autres sortent ravis de ce concert « génial ».

Quelques jours plus tard, le groupe en termine avec sa tournée européenne par un concert à Zurich. La maison de disque en profite pour annoncer la sortie au mois de novembre d’un best-of « U2 The Ultimate Collection », ainsi que du concert d’East Rutherford enregistré fin juin en DVD.

Octobre

Minneapolis accueille le premier concert du leg 3 de la tournée. Le groupe repart de plus belle en reprenant là où ils s’étaient interrompus en juin : « Discothèque » et « Mofo » sont de la partie, tout comme « Walk On » et « Ultra Violet ». Tous ces titres n’avaient plus été joués depuis le leg1.

Nouvelle surprise quelques jours plus tard à Seattle, où U2 interprète « Acrobat » en live pour la toute première fois. Les européens se jettent sur les derniers tickets disponibles pour les concerts américains de la fin de l’année.

Le site officiel annonce que le best-of « U2 The Ultimate Collection » sera accompagné d’un nouveau single inédit : une nouvelle version de « Stay (Farayway, So Close !) », en duo avec Rihanna. Dans une interview pour Cosmo Girl, Bono révèle : « On voulait depuis longtemps enregistrer avec Rihanna pour toucher un nouveau public, et c’est chose faite, on est vraiment ravi d’explorer ces nouveaux horizons sonores. Je crois que c’est notre meilleur duo R’n’B ». Pendant ce temps, aucune nouvelle de « Cedars Of Lebanon ».

Novembre

Sortie du best-of tant attendu par Mercury qui compte se refaire des ventes décevantes de « No Line On The Horizon ». Ce dernier s’est tout de même vendu à 11 millions d’exemplaires, mais on apprend que la maison de disque avait prévu une clause contractuelle l’autorisant à sortir un best-of en cas de vente inférieure à 15 millions. Bono résume : « On voulait offrir au public un disque rassemblant tous nos tubes, y compris ceux du dernier album qui manquaient cruellement à ‘U218 Singles’. C’est notre meilleur best-of ».

Dans le même temps la rumeur d’un retour de U2 en Europe au printemps 2010 se propage à grande vitesse. On parle d’une tournée d’une quinzaine de concerts au mois de mai. Des dates commencent à émerger en provenance des différents stades concernés. The Edge confirme lors d’une interview à Q : « On a tellement d’énergie actuellement, on voudrait en profiter pour vite retourner en studio, et on réfléchit aussi à donner quelques concerts l’année prochaine ».

Décembre

U2 boucle sa tournée 2009 à Miami. Pour l’occasion, le groupe se fait plaisir et décide de jouer la setlist à l’envers. A la fin du concert, alors que les lumières sont rallumées, U2 revient sur scène à la surprise générale et entame un mini-concert de chansons inédites. Pendant trente minutes, le groupe enchaine six titres inconnus avant de conclure en apothéose par « Mercy » provoquant l’hystérie générale dans le public. Le lendemain, le Miami Herald titre « U2, au sommet de son art, a livré le concert de la décennie ».

Quelques jours plus tard, un mini-album live des sept titres inédits joués à Miami sort aux Etats-Unis, en exclusivité pour les magasins Target. Bono déclare : « Target représente une marque qui défend les mêmes valeurs que nous, on est très fier de refaire ce genre d’opération spéciale avec eux. C’est un super disque, de loin notre meilleur album live promotionnel pour supermarché ».

La veille de Noël, alors que tout le monde attend une annonce officielle, U2.com publie un bref communiqué mettant un terme aux rumeurs : aucune tournée n’est envisagée pour 2010, ni en Europe, ni dans le reste du monde.