A quinze jours de la fin du leg 3, c’est une année haute en couleurs qui se termine. A l’heure où le leg 4 commence à se profiler pour le reste du monde, la tournée appartient déjà au passé pour la plupart d’entre nous. L’occasion pour nous de revenir sur les statistiques du Vertigo Tour à l’issue du centième concert.

Alors que U2 vient de franchir le cap des 100 concerts, il est intéressant de savoir que le groupe a utilisé 48 titres différents depuis le 28 mars. Le chiffre est impressionnant et inégalé dans l’histoire du groupe. Il n’empêche cependant pas l’impression de rigidité des setlists chez certains fans. Sans doute parce que les variations se sont surtout faites aux Etats-Unis (68% des concerts) ou parce qu’elles se font sur le moyen terme. U2 ne tourne en effet qu’avec une base de 25-26 titres sur les courtes périodes, chaque changement se faisant surtout sur la durée plutôt qu’au profit de la rotation. On n’échappe donc souvent pas à la répétition de setlists identiques lorsque l’on vit la tournée à court terme.

A noter par ailleurs que 11 titres seulement ont été joués lors de tous les concerts. L’un d’entre eux à notamment été joué 1,38 fois par concert (Vertigo). Au delà des classiques inamovibles (Pride, Streets, Sunday, One, Bullet) ou des singles inévitables du dernier album (City, Sometimes, Vertigo), seulement trois titres ont fait un sans-faute : Love & Peace, Beautiful Day, et Elevation. Peut-être les classiques de demain.

Certains classiques des tournées précédentes sont par contre en recul. Until, Mysterious Ways, I Will Follow, Bad, ou With Or Without You (à un degré moindre) ont connus des époques plus fructueuses. Cependant ces titres, par leur discrétion, semblent avoir gagné en valeur. A l’inverse d’un Sunday ou d’un Pride, tous deux sans saveur, des morceaux comme Until, Mysterious Ways, ou Bad ont pris une autre dimension en 2005, simplement grâce à leur rareté.

Inversement cette tournée nous a offert le come-back de certains titres qu’on ne pensait plus revoir de si tôt en live. Who’s Gonna Ride (électrique), Zoo Station, 40, Miss Sarajevo, Electric Co sont tant de titres que l’on n’attendait pas forcément sur le Vertigo Tour. Ils sont pour beaucoup les grandes réussites de cette année de concerts.

Pour la première fois depuis les années 80, U2 a varié les plaisirs cette année en changeant les titres d’ouverture et de clôture de ses concerts. Si ce constat peut être la traduction d’un manque criant de créativité et de concept, c’est aussi le témoin d’une volonté du groupe de varier les plaisirs et de ne pas offrir sans cesse le même spectacle. Chacun y verra ce qui l’arrange… En ouverture, City reste le titre le plus utilisé en salle, et ça se comprend étant donné la mise en scène qu’il propose, taillée pour une entrée en matière. Vertigo, la solution facile, a été privilégiée en Europe. En ce qui concerne les clôtures de concert, Vertigo a cartonné sur le sol européen. Globalement, 40 reste le titre le plus utilisé grâce aux concerts américains. Bad, lui, se fait discret, mais tellement appréciable.

Du côté des albums, la domination du dernier opus est sans partage. 85% de l’album a été joué en live (10 chansons sur 12), ce qui n’était plus arrivé depuis Achtung Baby sur le Zoo TV Tour. A lui seul, Atomic Bomb représente 1/3 des interprétations de U2 cette année. Achtung Baby et Joshua Tree ont également la part belle avec chacun 6 et 5 chansons apparaissant de façon régulières dans les setlists. All That You Can’t Leave Behind, cantonné aux seuls Elevation et Beautiful Day sur les legs 1 et 2, a pris du grade sur le leg 3. Stuck, Walk On, et deux apparitions de In A Little While lui offrent des chiffres un peu plus conformes à ses résultats commerciaux.

On notera l’abandon total de Pop, complètement renié cette année. S’il avait su faire illusion lors de l’Elevation Tour, il a cette fois bel et bien été remis dans les cartons du groupe. Un petit tour et puis s’en va avec deux interprétations de Discothèque en septembre dernier. Un OVNI dans le paysage du Vertigo Tour dont la présence ponctuelle, tout autant que sa disparition immédiate, reste franchement inexpliquée. Autres mauvais élèves de 2005 : Zooropa (sauvé par le leg 3 et les quelques interprétations de The First Time) et Rattle & Hum (qui survit par le court retour en grâce de All I Want Is You sur le leg 2).

Tous ces chiffres sont intéressants, riches d’enseignement, et semblent indiquer que le Vertigo Tour est la tournée la plus riche que n’ait jamais réalisée U2. Un comble pour ce qui est sans doute la tournée la plus décriée !