Nous avions prévu cette retro pour le 9 avril, au lendemain de ce qui est devait être le dernier concert de la tournée à Honolulu. Vous connaissez les événements qui se sont déroulés depuis. Mais pas question de modifier notre planning. U2 jouera bien quelques concerts en fin d’année, mais la tournée Vertigo – elle – est bien derrière nous. Nous vous en proposons une synthèse en vingt-six lettres. Première partie, de A à G.

A comme Américains

Une fois encore, cette tournée mondiale fut américaine. Les Etats-Unis ont comptabilisé environ deux tiers des concerts de la tournée, en bénéficiant d’un format particulier (concerts en salle, scène en forme d’ellipse) alors que le reste du monde s’est contenté de concerts géants en stade. Sans aller jusqu’à comparer les deux formats et en conclure peut-être un peu rapidement que les américains ont été privilégiés, force est de constater que c’est sur leur territoire que la groupe a fait preuve de plus de créativité, notamment lors du leg 3 de la tournée.

B comme Bruxelles

C’est peut-être le concert qui a fait couler le plus d’encre. Concert d’ouverture de la tournée européenne, le 10 juin 2005 au Stade du Roi Baudouin, il restera sans doute le plus controversé de la tournée. La faute à l’accumulation de petits détails l’ayant rendu délicat : la découverte par U2 de sa nouvelle scène, des variantes dans la setlist encore hésitantes (certaines ne seront d’ailleurs pas renouvelées), un public décevant vraisemblablement refroidi par des conditions peu adaptées dans le stade (problèmes de son notamment). Dommage quand on connaît la traditionnelle ferveur belge.

C comme Crumbs

Chaque album réserve sa chanson boudée en live. On a longtemps cru que Crumbs From Your Table était celle-là sur Atomic Bomb. Répétée à de nombreuses reprises, souvent pressentie, mais jamais jouée, on y avait renoncé. Jusqu’à ce concert anodin de Minneapolis le 23 septembre dernier, durant lequel le groupe prit enfin l’envie de se lancer… Sept interprétations suivirent sur quelques dates du leg3. Pas de quoi donner à Crumbs un statut d’incontournable (pourtant mérité quand on voit le rendu d’un titre comme All Because Of You en live), mais au moins de quoi satisfaire les fans inconditionnels de ce morceau.

C comme Coexist

Dans une tournée délibérément sans concept, le slogan ‘Coexist’ a fait office de substitut, devenant le principal message engagé des concerts (avec les discours contre la pauvreté). U2 n’en est pas même l’auteur. On a connu des périodes plus fastes question inspiration.

C comme Chicago

Ce devait être l’un des sommets du leg 1 et de la tournée. Habituellement ville privilégiée par U2, Chicago nous laisse un peu sur notre faim malgré 4 concerts consécutifs en mai 2005. La faute à un groupe bridé par le tournage d’un DVD et par un méchant rhume du chanteur. Les deux concerts du leg 3 s’avéreront plus intéressants, plus frais, et plus inventifs.

D comme Dublin

Deux semaines après Bruxelles, U2 nous a sans doute offert le sommet de la tournée dans sa ville natale. Week-end d’effervescence et de folie dans la capitale irlandaise, marqué par 3 concerts de haut niveau allant crescendo. Classique mais efficace le 24 juin, enlevé et séduisant le 25, exceptionnel le 27. Si l’on y ajoute l’ambiance magique dans les rues dublinoises, il n’y a pas de quoi faire la fine bouche. Rendez-vous est déjà pris pour la prochaine tournée.

E comme Envie et Europe

C’est peut-être le principal reproche que l’on pourrait faire à U2 sur cette tournée : ce manque cruel d’envie que le groupe a laissé transpirer (peut-être malgré lui) en juillet et août 2005. Après deux premières semaines prometteuses, la tournée européenne est subitement passée en mode « repeat », U2 préférant verrouiller la setlist et enchaîner les concerts machinalement. Ces regrets sont encore nourris par les concerts donnés en Amérique latine où, dans la même configuration, U2 a su offrir au public un spectacle digne de ce nom.

E comme Ellipse

On avait adoré le principe du cœur entourant le public en 2001. U2 nous l’a ressorti en 2005. Certes c’était bien mieux abouti cette fois : elle était magnifique cette ellipse tout de grise vêtue, s’illuminant de toutes les couleurs au gré des chansons (difficile de ne pas en prendre plein la vue sur Vertigo). Mais quel dommage de réutiliser un concept si proche de la précédente tournée. U2 nous avait tellement habitué à nous surprendre, tournée après tournée, que la découverte de cette scène fut un poil décevante. Enfin jusqu’à ce que ces rideaux de diodes s’abaissent…

F comme Flop

La vente des billets évidemment ! Etre membre du fan club devait nous assurer les meilleures places et surtout une quasi-assurance d’obtenir le sésame tant recherché. Il n’en fut rien ! Le groupe, en vulgaire amateur, s’est laissé prendre au dépourvu et a créé une vague de mécontentement telle qu’il fallut que Larry prenne la parole au nom du groupe pour s’excuser, d’abords via U2.com puis en live durant les Grammy Awards. Un geste noble de la part du batteur, on en n’attendait pas moins de sa part. Espérons que pour la prochaine tournée, le groupe n’oubliera pas ceux qui les suivent depuis de si nombreuses années.

G comme Grammy

On ne s’attendait pas à une telle moisson. Début février, entre deux parties de la tournée Vertigo, U2 a connu son heure de gloire « honorifique » en raflant cinq Grammy Awards. Et pas les moins prestigieux puisqu’on compte parmi eux l’album de l’année, la chanson de l’année, et la meilleure performance rock de l’année. Ce n’est pas l’objet des Grammies, mais il est tout de même à noter qu’en 2005 U2 n’a pas gagné de titre majeur les récompensant pour leur tournée.

(à suivre)