Il était attendu avec impatience par les fans, et le moins que l’on puisse dire c’est que le nouveau titre de U2 a surpris. Qui n’a pas été dérouté par ses premières secondes ? Non sans rappeler – dans une moindre mesure – le début de Zoo Station et Discotheque, U2 veut prendre de court son public. Et tant pis si des fans sont sceptiques, comme ce fut le cas auparavant avec Achtung Baby et Pop.

On a reproché à U2 de ne pas savoir se réinventer depuis les années 2000, de ne pas avoir poussé plus loin les expérimentations de No Line On The Horizon, de ne pas prendre de risque, alors voilà un morceau différent. Pour une fois il n’y a pas eu tromperie sur la marchandise alors qu’on nous annonçait un son autre pour U2 mais qui conserve l’empreinte du groupe.

C’est vrai qu’Invisible n’est pas aussi bandant qu’un Mofo et autre The Fly, qu’il n’a pas l’allure des plus grands titres du groupe (la faute à des arrangements médiocres), néanmoins il est accrocheur. Il a ce je-ne-sais-quoi qui, même s’il vous rebute à prime abord, finit par vous avoir et vous entraîner avec lui. La rythmique a beau être créée par une boîte à rythme semblable à Beautiful Day et par une batterie électronique, elle laisse entendre le potentiel live du titre.

Le plus étrange, c’est peut-être de constater que ce qui est presque un duo Bono-The Edge fonctionne plutôt bien. Adam qui nous bluffait par ses lignes de basse depuis quelques années est quasi-absent au mixage final, Larry a troqué son jeu de batterie tonitruant pour une partition simpliste sur une batterie électronique, et pourtant… ça marche. La précision vocale de Bono – suffisamment rare dernièrement pour mériter d’être soulignée – et les envolées de la guitare d’Edge font d’Invisible un titre appréciable.

Sa faiblesse reste de ne pas être un titre révolutionnaire, contrairement aux chansons précédemment citées. Des sonorités qui rappellent The Killers et Kraftwerk, une tendance électro incorporée au rock… pas vraiment du neuf qui bouleversera l’industrie musicale. Mais Invisible a le mérite de poser les bases de ce qui pourrait bien être le prochain album de U2 : un détachement du rock pour un son davantage alternatif.

Pari réussi ou non, difficile de le dire en l’état. Invisible est à entendre dans la cohérence d’un album. Si tant est bien évidemment que ce nouveau morceau figure sur le prochain opus, avec U2 les changements d’avis ne sont jamais très loin…

Ce papier aurait pu s’attarder à lapider un U2 qui veut faire le buzz sous prétexte d’une bonne action envers une association humanitaire. Ouais, ça aurait été un bon sujet pour les griffes acérées des trois mâles, tout à fait approprié à l’esprit de Sucking Rock and Roll. Mais finalement tout ça n’a que peu d’importance pour les misérables fans que nous sommes à poiroter depuis cinq ans. U2 est de retour et il cherche autre chose. On n’en attendait pas moins.