Gigantisme et proximité, mégalomanie et en même temps simplicité, tel pourrait-on décrire U2 en terre US, et même encore un peu plus dans un New Jersey chargé de spécificités. Un concert du groupe y est décidément un évènement jamais démenti, au cours duquel il se passe toujours quelque chose, avec ce public parfois si agaçant et en même temps si réactif à la moindre évocation des très chères valeurs US primaires toutes thématiques confondues !
U2 serait-il en forme pour ces ultimes dates avant « la fin de tout ce cirque » comme le disait Bono à Montréal, et se fait-il encore plaisir sur cette tournée à rallonge ? D’où nous étions, il nous a été difficile de le deviner, pas assez proches des mimiques et échanges des membres du groupe. Seuls les yeux sans lunettes pendant quelques secondes de Bono en plan large trahissaient une fatigue bien compréhensible due à l’âge et aux excès connus de papy Bono. Néanmoins, si nous oublions la légère frustration de ne pas être parmi la meute et au plus près du groupe, cette vision légèrement arrière droite et au plus bas des sièges nous offrait de ressentir ce que le groupe pouvait vivre sur scène face à ses fans. Quel pied ! Pas difficile d’aimer ça quand le charisme aidant on peut faire ce que bon nous semble de 95.000 personnes.
Avant de livrer succinctement le déroulé et les impressions de ce concert, je ne peux évidemment oublier de vous dire quelques mots sur ce public américain ô combien pittoresque et, sans condescendance aucune, différent de nos us et coutumes européennes. Superbe nouveau stade que ce New Meadowlands à East Rutherford, comme les Américains savent le faire pour boire, manger, s’amuser, pisser « all inclusive ». Alors bien sûr, dans les travées cela ne cessera pas de circuler durant tout le concert, mention spéciale à Get on your boots qui sort grand gagnant du titre le plus approprié pour aller faire autre chose que s’occuper du show. Dans la même veine, la propension à partir avant la fin du concert durant Moment Of Surrender pour un bon quart du public est toujours d’actualité. Mal leur en a pris face à une fin de concert tout en surprise et moments d’émotions.
Ce 360° Tour s’est donc étiré sur près de 3 saisons estivales, et force est de constater que les évolutions sont là, on aime ou pas, parfois à distance et avec le recul, mais de visu et surtout sur cette fin de tournée, alors que le groupe n’a plus que l’instantanéité à proposer au milieu d’un scénario scénique bien rodé, le plaisir est immédiat.
« I’m a man of simply needs. I just need 95.000 screaming fans and i’m happy »
L’entrée en matière avec Even Better Than The Real Thing est d’une puissance phénoménale, même les couplets ne retrouvent pas la faiblesse qu’on avait pu cependant apercevoir sur Youtube. Quelle basse et falsetto d’Adam et de Bono ! Light show qui donne la pleine mesure dès l’entamme du concert, un public surchauffé et au diapason… grand. The Fly est elle aussi délivrée de manière la plus uppercut possible, U2 a failli en mettre KO plus d’un et perdre son public d’entrée de jeu. Fort heureusement le funky Mysterious Ways et le tellurique Until The End Of The World le tiendront en haleine jusqu’au joussif et toujours héroïque I Will Follow.
Des nuances certes sur ce show, mais pas de faiblesse, tout y est cohérence, fluidité et sincérité. La grande chaleur du lieu et du moment obligera Bono à se changer plusieurs fois entre certains titres pour laisser en plan The Edge chargé de finir seul les présentations et anecdotes que livre habituellement le leader vocal.
Peu importe à partir de ce moment-là, l’ordre ou les détails de setlist qui nous sera proposée, l’ensemble se déroule «magnifiquement», Bono n’oubliant evidemment pas où il se trouvait autrement dit en terre « Bruuuuce », se chargeant lui même d’offrir à la foule de scander ce cri bien connu des fans du boss, de nous proposer un snippet de Promise land ou encore de citer les contrées légendaires du E Street band que sont Asbury Park ou le Stone Poney .
De début il en fut question aussi pour U2, quand Bono montra une setlist de plus de 30 ans en arrière, quand le combo jouait pour une des premières fois dans le New Jersey… « Out of control, I will follow, Stories for a boy, Another Time another place, Electric Co, 11’o’Clock tic toc etc.… ». Je vous laisse deviner l’émotion qui nous étreindra tous, Bono y compris, avant de partir sur un I Still Haven’t Found inspiré, public en tête.
Vous l’aurez compris, peu d’analyse de fan hardcore de ma part, non seulement parce que selon moi il n’y eut pas ou peu de fausse note au propre comme au figuré durant ce concert, mais surtout parce que j’avais le sentiment d’assister à un très bon cru du 360° Tour, où l’adrénaline et l’assurance sans nulle doute venues d’un pilotage automatique fort bien maitrisé, donnaient au final un résultat plus que satisfaisant. Aucun regret d’avoir franchi à nouveau l’Atlantique pour avoir pu assister à « ça » ! Du bonheur à prendre en pack de 24 sans hésitation aucune.
La fin du show ne ralentira pas, bien au contraire malgré mes craintes, car à voir s’égosiller Bono et Cie durant la première heure du show, à ne pas calculer leurs efforts (mention spéciale au bucheron Larry), j’ai bien cru devoir assister sous peu à un prévisible coup de pompe comme sur le premier concert barcelonais. Rien de tout cela : l’enchainement Hallelujah de feu Jeff Buckley avec Streets fut somptueux. Ce dernier lui même relâcha les derniers chevaux qu’avaient pu encore conserver ce bon public américain. Que ce fut arghh… !! de vivre l’envolé et tout l’héroïsme de ce titre, face à une foule électrisée comme Bono le réalise chaque soir de concert. On comprend mieux beaucoup de chose….
Enfin, premier final sur Moment of Surrender en mémoire du regretté Clarence Clemons avec un couplet final de Jungleland de Bruce Springsteen. Pas de mot, il m’aura fallu près d’une quinzaine de dates pour toucher du doigt ce que pouvait ressentir un grand cœur sensible comme Cyril dès le 30 juin 2009. Toujours pas de mot, mais surtout un cri primal de ma part, quand au cours des salutations finales, Bono suggèra à The Edge : « One more ? », et de nous régaler d’un Out Of Control en bonus inespéré. Alors peut-être que ce titre « extra time » fut préparé sur la setlist, au cas où. Donc 26 titres, dans une très belle ambiance surchauffée de ce côté-ci des Etats-Unis, nous avons évidemment tous acquiescés de la manière la plus bruyante possible !
Avant de vivre nous l’espérons, cette fois-ci en pelouse, un autre show magistral à Pittsburgh, en passant par un pèlerinage sur les terres du Boss sous quelques jours. Enfin se souvenir d’une réflexion d’ancien combattant (que nous sommes plus que jamais, sale caractère aidant) de Bertrand : « Si tu n’as pas vu un show de U2 aux Etats Unis, il te manquera toujours quelque chose pour comprendre cette alchimie qui surgit souvent là-bas » .
Discussions
11 commentaires ont été publiés pour cet article.
un an après, je débarque sur ce topic pour confirmer que Out of Control, Bad et 40 (dans cet ordre) étaient sur la setlist…. dont j’ai récupéré l’exemplaire de Larry ou Adam :-)
Avec d’ailleurs une petite erreur sur cette même set list : le concert est siglé 107/110, alors que c’était a priori le 108/111
m’en fout Edge m’a signé mon disque !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Dieu sait si j’aime la version de Jeff Buckley, mais svp, rendons d’abord « Hallelujah » à Cohen :)
pop est un échec commercial, pas musical meme si il aurait mérité quelques mois de gestation en plus…et j’ai trouvé la tournée du meme nom, pour l’avoir vécue, énorme.
il me semble logique de considérer positivement cette fin de tournée vu la qualité de ce qui nous est proposé…..on est quand meme asez loin du (faible) concert de Turin de l’année derniere auquel avait d’ailleurs assistés certains membres de la team (qui avaient rendus un avis négatif malgré leur présence sur place…comme quoi!).
Woufi, sauf ton respect tu dis n’importe quoi.
Va donc lire les revues de concert de Paris 1&2, Glasgow, ou Turin et tu verras par toi-même qu’on n’a pas fait que de bons concerts.
Tu verras aussi que hormis le rose bowl et glastonbury, nous n’avons pas écrit de revue pour des concerts auxquels nous n’avons pas assisté.
Ce qu’il y a de bien sur Sucking, c’est que tous les concerts de cette tournée se font descendre en flamme (setlist pourrie, répététive, ça bétonne…), sauf ceux auxquels un membre de la team assiste… Vous n’osez pas dire que c’est bien quand vous n’y êtes pas, ou vous n’osez pas dire que c’était bidon quand vous y étiez ?
Wiky, merci de nous donner ton avis, qui malheureusement repose sur une lourde erreur d’interprétation. Je propose à tous ceux qui pensent que nous n’aimons pas cette tournée (et mieux encore le groupe) de relire l’intégralité des revues de concert que nous avons écrites et de faire le bilan global. J’ai hâte de lire leur compte rendu…
Quant à « arrêter de bander sur Pop », non merci ça ira. Même si très objectivement cet album souffre du temps et de certaines productions, il réserve des merveilles jamais atteintes par les deux albums suivants.
Tres bel article, merci de nous faire partager ca.
@ Carlos : il est evident que l’on partage le mm avis sur ce qu’est devenu U2 depuis qq temps, cependant etre en desaccord ne veut pas dire insulter. je considere p-e à tord que U2 est là aussi grace à tout ce qui les entoure, et le staff de Néophobia (ca c’est pour la piqure de rappel …) fait parti des nombreux facteurs qui ont permis au groupe de faire une carriere aussi longue. Donc un peu de respect, mm si pour ma part aussi, la comparaison avec Coldplay est malhonnete pour tout un tas de raison.
@ Staff néo : si j’osais je vous dirai qu’il est temps de faire le point et de prendre du recul. Comme vous j’ai sauté de joie en ecoutant No Line, comme vous j’ai regretté qu’ils lachent l’album pour la 2eme partie du 360. Je comprends que la pillule ne passe pas, que l’ecoute de No Line vous est fais entrevoir que le groupe n’etait pas seulement là pour l’argent, et qu’en regardant les set-list, cette joie se soit transformé en une cinglante deception (encore plus dur et amer quand on a attendu No Line comme le messie pdt 10 ans).
Cependant, il est evident que la fin du 360 est une réussite, et malheureusement, j’ai bien l’impression que ce que je decris plus haut vous gache tout votre plaisir et parfois mm votre objectivité.
On a tout le temps l’impression que vous en voulez au groupe de nous cacher qq chose, de ne pas etre sincere, à la longue c’est vraiment gonflant.
J’aimerai vous rappeller que c’est bien le public qui juge U2 en repondant present et non U2 lui mm, et qu’en remettant certains titres, ils repondent à une demande de la majorité de la communauté de leur fan.
Et une bonne fois pour toute, arreté de bander sur PoP, je dois avoir ecouter une bonne 10aine de Boot de la tournée, et c’est vraiment tres tres tres moyen, le concert du PdP par exemple, est une merde absolue (mm si j’aurai revé d’y etre)
Ok PoP a enfanté certains des plus beau titres du groupe, je considere mm que Please est ce que U2 a fais de mieux depuis leur debut, mais soyez honnete, et reconnaissez que PoP est un echec musicalement parlant.
Dans le mm sens, No Line est un echec en Live, oui il y a dans certains titres (No Line – le single) un potentiel enorme, mais ils n’ont jamais su en tirer qqchose à la hauteur de leur statut.
Ce n’est que mon avis
Bravo Pascal! Et merci de me faire un peu revivre mes 2 concerts (old) Meadowlands 2009! Même à 10000km ça fait plaisir de lire ça. Surtout ta dernière phrase.
Et carlos, tu as raison, on concert ça ne peut se juger que sur place, pas en lisant une setlist.
Tout comme Pascal, j’étais dans ce magnifique stade, mon 10e concert du 360°, je vous affirme que les clowns qui ont pondu l’article sur le passage de témoin n’ont AUCUNE honnêteté intellectuelle OÙ alors ils sont complètement idiots OÙ encore ils ne connaissent pas U2. Comment oser une seconde penser qu’un groupe quel qu’il soit puisse prétendre prendre la relève de U2 alors qu’ils sont encore dans cet état de grâce! C’est du très très haut niveau. J’ai vu du live POP, du Elevation tour, du Vertigo, bref du U2 plus jeune, mais sincèrement ce U2 là c’est du beaucoup plus lourd. C’est une démonstration de puissance, de talent. Ils ont maitrisé leur public, ont fait un sans faute musicalement, joué 2h35, 26 titres, terminé par Out of control… Bref, c’est pas en critiquant des setlists soit disant répétitives derrière votre écran à 10000 km de là que vous pourrez juger de la forme du groupe où dire qu’il est « en pilotage automatique ou encore qu’il « bétonne ».
Il y a un seul bémol, chanter scarlet au lieu de no line, walk on au lieu de unknown caller… Mais pour le reste tout était sensationnel
On n’était pas loin du concert le plus volontaire de la tournée : « Two other songs, Bad and 40, were on the printed setlist after Out of Control but were not performed.« .
Dommage, ils auraient frappé fort!
Ajouter une réaction